Technique de couture emblématique notamment de la maison Hermès, nous vous expliquons aujourd’hui l’origine du point sellier, ses spécificités, sa réalisation et la façon de le distinguer d’une piqûre machine.
D’où vient le point sellier ?
Le cousu sellier est, comme son nom l’indique, issu de l’univers de la sellerie où il est utilisé pour réaliser des pièces d’attelage, des selles ou divers harnachements (en particulier la briderie) pour le travail des chevaux.
Il n’est d’ailleurs pas rare de retrouver de très vieux articles de sellerie avec des coutures et des cuirs encore en bon état de conservation.
Cette technique de couture ancestrale fut par la suite utilisée sur des pièces de cuir fortement sollicitées à l’usure telles que les ceintures et les poignées de malles.
Quelles sont les spécificités du point sellier ?
Originellement assez régulièrement utilisé en maroquinerie “industrielle”, il est aujourd’hui surtout utilisé par les artisans selliers-maroquiniers.
L’usage du point sellier en maroquinerie n’est pas dû au hasard mais au fait de sa remarquable solidité. Les pièces de maroquinerie telles que les sacs devraient normalement avoir recours au point sellier sur toutes les pièces soumises à usure. Il s’agit des pièces soumises au frottement ou à la traction (exemple : poignées, lanières, enchapures de boucles).
Lorsque qu’un point réalisé en cousu sellier cède, la couture reste en place et ne se défait pas sur toute la longueur de l’objet. Outre son esthétisme et son grain incomparable, le point sellier est très robuste.
Trouver des objets ou accessoires réalisés au point sellier est de plus en plus difficile, car le cousu sellier est obligatoirement réalisé à la main. Il requiert donc beaucoup de temps et coûte très cher à réaliser. De plus, c’est une technique longue à apprendre, difficile à maîtriser et lente à réaliser.
Il est couramment admis qu’un bon sellier réalise environ 1 mètre de petits points selliers en moins d’une heure.
Comment est réalisé un cousu sellier ?
Le cousu sellier est caractérisé par un point serré et incliné, ce qui donne une esthétique unique et élégante.
Pour le point sellier, on utilise généralement du fil de lin câblé enduit de cire d’abeille afin de le rigidifier. Puis, on trace une ligne de repère pour la couture à quelques millimètres du bord de l’objet à coudre. On marque ensuite les points à l’aide d’une griffe à frapper et d’un maillet.
La taille du point dépend de la taille de la griffe que l’on utilise. Avec les tailles de griffes les plus couramment utilisées, les espacements des points peuvent variés de 2,25 mm à 6,75 mm. Le but n’est pas de percer le cuir entièrement, mais seulement de marquer l’espacement entre les points.
L’objet à coudre est maintenu dans une grande pince en bois appelée la pince sellier. Elle est placée entre les cuisses pour la garder immobile pendant la couture.
Pour réaliser le cousu sellier, l’artisan se sert de ses deux mains de manière très coordonnée. Dans la main droite une aiguille à bout rond et une alêne au pince ; dans la main gauche une seconde aiguille à bout rond.
Le cousu sellier est réalisé avec un seul fil et deux aiguilles. Le fil passe donc alternativement du dessus au dessous pour se croiser à l’intérieur de la pièce en cuir. Ceci forme un nœud à chaque point de couture et garantit sa solidité.
Toutes les créations de l’atelier Ruadh sont cousues à la main au point sellier. Pour en découvrir davantage sur les détails de fabrication Ruadh.
Comment distinguer le cousu sellier de la piqûre machine ?
Comme indiqué ci-avant, le point sellier est obligatoirement réalisé à la main et il n’existe pas de machine à coudre qui puisse effectuer ce type de couture.
La piqûre machine est effectuée avec deux fils : un fil de canette (dessous) et un fil de la bobine (dessus). Contrairement au cousu sellier, les piqûres à la machine ne sont pas nouées. Le fil du dessus retient simplement le fil du dessous.
Comme un fil tient l’autre, si le moindre point casse, il suffit de tirer dessus et toute la couture se défait. C’est exactement le même problème lorsque vous tirez sur un fil qui a sauté dans la couture d’un vêtement. Or l’usure liée aux frottements est fréquente sur des objets du quotidien et provoque la rupture des points par coupure du fil.
La piqûre machine présente de nombreux « avantages ». Elle est notamment rapide à apprendre et certaines formations professionnelles vous l’apprennent en quelques heures.
En revanche, il faut des jours voire des semaines pour maîtriser le point sellier. La piqûre machine est surtout rapide à effectuer puisqu’elle ne demande que quelques secondes ou quelques minutes de temps de travail pour réaliser de grands linéaires de piqûre sur plusieurs dizaines de centimètres.
En général la piqûre machine est réalisée avec une aiguille ronde, ce qui produit une couture droite. Parfois, les machines à coudre sont équipées d’une aiguille losangique dont la forme est proche de celle de l’alêne aux pinces. Ceci produit une couture avec un angle à 45 degrés assez proche de l’aspect du cousu sellier. C’est surtout décoratif car la solidité n’est pas meilleure avec une aiguille losangique.
Il existe deux astuce qui permettent de faire la différence entre une piqûre machine et un point sellier noué.
Première astuce : le point sellier est assez facile à reconnaître, la couture forme un angle à 45 degrés, comme pour une couture machine à aiguille losangique, mais son orientation est différente.
La photo ci-contre montre les deux orientations permettant de différencier le type de couture « machine versus main » mais la différence est très tenue et il n’est pas toujours aisé de les distinguer.
Seconde astuce : s’agissant d’un fil unique, le cousu sellier sera toujours de la même couleur dessus et dessous, contrairement à la piqûre machine qui peut utiliser des couleurs de fils différentes dessus et dessous.
